1011. A Marcel Brion
Montpellier, le 5 Avril 1942
Cher Monsieur Brion:
Je vous suis très reconnaissant de m’avoir écrit cette lettre si pleine d’affection pour tout ce à quoi je tiens de plus. C’est très probable que je puisse venir à Aix vers le 20 ou le 25: au plaisir de revoir une ville qui m’a fait dans le temps une très forte impression, je joindrais celui de vous connaître personnellement.1 Vers cette date, beaucoup de mes compagnons d’exil partent pour l’Amérique, et j’ai le projet d’aller à Marseille leur dire adieu2 —ou plutôt au revoir; d’ailleurs, l’amitié de M. P. Rouquette3 m’y attire aussi. Voulez-vous bien m’écrire une lettre, dans le ton plus «affaires» possible, et qui me serve pour justifier une demande du permis dont j’ai besoin, comme étranger, pour voyager?
Je retransmets à mon éditeur les conditions pour la traduction des Amantes.4 C’est à lui de décider. Votre Michel-Ange, votre Blanche de Castille, sont-ils toujours disponibles? Je n’ai pas de doute que quelque chose on va faire pour un ou plusieurs de ces beaux ouvrages. On traitera de tout cela si je viens à Aix; dans le cas contraire, on s’arrangera par lettre. Envoyez-moi seulement votre mot au plus tôt: chez la police on est long, et tout risque de traîner…5
En attendant, je vous prie de croire, cher Monsieur, à mes sentiments d’admiration sincère, d’amitié dévouée.
C. Riba
Carta. En poder dels hereus del destinatari. Se n’ha conservat el sobre, adreçat a: «Monsieur Marcel Brion / 18, rue Emeric David / Aix-en-Provence / (B. du R.)», i amb el remitent de «C. Riba / 34, Av. Ecole d’Agriculture / Montpellier / (Hlt.)». Agraeixo a Anne Simon l’ajuda en la transcripció d’aquesta carta.
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