1010. A Marcel Brion
Montpellier, le 3 Mars 1942
M. Marcel Brion
Marseille
Cher monsieur:
Il y a quelques années, vous avez écrit sur mes poèmes, sur mes essais de critique, de belles, d’inoubliables considérations.1 Aujourd’hui, les «Nouvelles Littéraires» n’existent plus, je suis un de ceux qui ont du émigrer de la Catalogne pour leur seule condition d’écrivains fidèles au sens profond de leur oeuvre, et vous-même —je souhaite que rien de mal, rien au moins d’irréparable, ne vous soit arrivé dans l’immense tourmente.
Au nom d’un des mes amis,2 qui à Barcelone s’occupe, avec assez de bonheur, à lancer des livres meilleurs que l’actuel climat de l’Espagne —et pour un meilleur espoir— je vous serais très reconnaissant de me dire si votre recueil de biographies «Les Amantes»3 n’a pas été, comme il le mérite, introduit près du public de langue espagnole. Si ce n’est pas encore tel le cas, j’aimerais bien entreprendre la traduction de cet ouvrage, qui pourrait inaugurer une collection, dont nous sommes en train d’établir le plan, de biographies offrant un intérêt spécial pour une audience féminine. Faites-moi connaître alors, je vous en prie, vos conditions, pour accorder les droits de traduction, ou, dans le cas que le livre ne vous appartienne plus, celles de votre éditeur, près duquel j’espère que vous voudriez bien me servir d’intermédiaire.
Votre Michel-Ange, votre Laurent le Magnifique, votre Blanche de Castille, feraient sans doute l’objet d’ultérieures négociations, au fur et à mesure que mon ami, sur mon conseil, mettra sur pied de nouveaux projets dont nous commençons à nous entretenir, malgré l’extrême lenteur des communications postales avec l’Espagne.4 A ce propos, vous me feriez infiniment de plaisir, et de service, en me faisant parvenir un exemplaire de ces oeuvres —si toutefois l’avoir n’est devenu plus difficile pour vous-même que pour moi.
J’espère que vous aurez la complaisance de me répondre aussitôt que vous le pourrez.5 En attendant, je vous remercie d’avance, et vous prie de croire à mon admiration et à mon amitié dévoué
C. Riba
P. S. — Après avoir demandé votre adresse à notre ami M. Pierre Rouquette,6 qui depuis quelque temps s’est fixé de nouveau à Marseille (40, rue Saint Jacques), je l’ai retrouvée dans un de mes calepins. Je n’ai pas attendu sa réponse, même au risque de quelque erreur…7
Carta. En poder dels hereus del destinatari. Se n’ha conservat el sobre amb diverses indicacions; unes amb lletra de Riba: «Monsieur Marcel Brion / 6, rue Joseph Autran / Marseille», però ratllades l’adreça i la ciutat; unes altres, mecanografiades: «18, rue Emeric-David 18/Aix-en-Provence», i unes terceres en llapis amb lletra aliena i ratllades: «Chez Hanel [?] Comtes / 10 rue Bauréau [?]». El remitent diu: «C. Riba / 34, Av. Ecole d’Agriculture / Montpellier / (Hlt.)». Agraeixo a Anne Simon l’ajuda en la transcripció de la carta. |
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